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Andaman7: quand la voie de la croissance doit sans cesse se réinventer

22.02.2022 by Andrea Venegas

 

Depuis quelques semaines, l’appli de dossier médical personnel Andaman7 a fait son apparition sur le “kiosque” d’applis d’Ethias. Une vitrine de plus pour la start-up liégeoise Andaman7 lui permettant d’entrer en contact avec son public. Même si ce kiosque d’un assureur est loin d’être un canal privilégié ou un axe que la société compte privilégier.

Son principal fer au feu, depuis d’ailleurs un certain temps, serait plutôt celui des études cliniques et des partenariats à établir, en Belgique et (surtout sans doute) à l’étranger, avec des institutions de santé, des instances publiques et des sociétés pharmaceutiques. En plus donc de l’axe dossier médical pour lequel ses interlocuteurs sont à la fois les patients, les médecins et les établissements hospitaliers.

L’arrivée d’Andaman7 sur le kiosque d’Ethias (voir plus loin dans l’article) est donc, pour nous, l’occasion de faire le point sur la stratégie d’Andaman7 en compagnie de son fondateur, Vincent Keunen.

Depuis quelque temps déjà, face à la difficulté qu’il y a à amener les hôpitaux belges à adhérer à la proposition qu’implique Andaman7 d’activer un canal d’échange de données entre le dossier patient personnel et le dossier médical hospitalier (à l’image de ce que le CHU de Liège, lui, a déjà mis en oeuvre) et face au long travail de conviction et de concrétisation que cela implique, la société Andaman7 mise sur l’international et sur son autre marché-cible – les études cliniques – pour se développer.

Etudes cliniques décentralisées: un marché porteur

Plus que jamais, la société chercher à se développer à l’international. Notamment outre-Atlantique où elle estime trouver un terrain fertile, où sa solution, via respect des normes internationales, “est compatible avec les systèmes de dossiers patients électroniques de 85% des hôpitaux américains”. 

Son principal fer au feu, aujourd’hui, est celui des études cliniques et, plus particulièrement, les études cliniques décentralisées (DCT en anglais), qui permettent aux patients de participer à des essais sans plus devoir se rendre dans une institution de soins ou un site dédié à l’étude. Selon un agenda bien déterminé.

Autre tendance que veut exploiter Andaman7: le RWE (real world evidence) que l’on traduit parfois par “preuves empiriques”, “des données d’observation médicale ou clinique] obtenues en dehors du contexte des essais randomisés contrôlés”, en situation de “vie réelle”, côté patient.

La convergence des technologies (dossiers électroniques, objets connectés, connectivité…) et l’évolution des pratiques (encore accélérée par la crise sanitaire du Covid-19) contribuent à faire des Distributed Clinical Trials un terrain de plus en plus juteux pour les acteurs de ce secteur.

Les patients-cobayes peuvent participer aux études cliniques tout en restant dans leur cadre de vie. Les organismes qui procèdent aux études peuvent collecter et analyser les données de manière plus régulière, voire en temps réel.

A cela s’ajoute le fait que l’analyse de données patient (anonymisées), en vue de sélectionner des cohortes de patients-testeurs, accélère le processus et le libère de contraintes géographiques.

Les gains de temps potentiels, en amont et pour la durée des essais cliniques, se traduisent pour leur part en gains financiers potentiellement majeurs.

“Nos clients, essentiellement américains jusqu’ici, sont à la fois des firmes pharmaceutiques, des sociétés biotech, des prestataires de recherche clinique (CRO – clinical research organisations), des fabricants d’équipements médicaux – aussi bien de grosses sociétés que de petites start-ups”, déclare Vincent Keunen.

En ce début d’année, il est d’ailleurs en mission d’exploration et de négociation sur la côté Est des Etats-Unis (New York et Boston).

Un contrat vient d’être signé avec “un important opérateur e-santé américain” pour l’utilisation de la solution Andaman7 dans le cadre d’études cliniques “avec forte implication des patients” (un accord de non divulgation particulièrement strict empêche d’en évoquer le nom, voire même le champ d’application). L’étude clinique se terminera à la fin de l’été. 

“La valeur de ce contrat”, indique toutefois Vincent Keunen, “est d’un demi-million de dollars, ce qui nous donne une importante bulle d’air pour continuer notre progression”.

Et des moyens financiers, il lui en faudra, notamment pour espérer s’imposer face à deux concurrents américains – Medable et Science37 – qui disposent d’un matelas financier nettement plus confortable que la start-up liégeoise.

Celle-ci espère par contre pouvoir faire prévaloir, en guise d’argument différenciateur, le fait que, contrairement à ces deux sociétés “qui se limitent à des potentiels e-PRO (Electronic Patient Reported Outcomes), Andaman7 combine e-PRO et dossier patient personnel, avec possibilité pour le patient d’accéder et partager les informations de son dossier médical.” De quoi activer cette autre dimension de la médecine et des essais cliniques “2.0” qu’est la thérapie personnalisée.

Viralité par marque blanche?

Un autre levier de développement pour la société pourrait être la disponibilité de la solution Andaman7 en marque blanche. “De quoi permettre à d’autres acteurs du monde des soins d’intégrer la solution pour l’offre de nouveaux services”. Avec la perspective d’attirer ainsi de nouveaux partenaires pour réussir une pénétration dans d’autres pays. “Notamment pour la mise en oeuvre de solutions de télémédecine, par exemple pour de la téléconsultation. La solution Andaman7, c’est la possibilité de permettre, en plus de la visio, un échange de données [entre patient et médecin]. Il devient ainsi possible pour le patient de remplir, en amont de la consultation, un questionnaire, de fournir son dossier médical…”

Quels types de partenaires Andaman7 recherche-t-elle ou espère-t-elle convaincre de manière plus spécifique? “De préférence des acteurs d’une certaine taille”, répond Vincent Keunen. “Américains ou européens, ayant accès au marché avec une force de vente robuste. Qu’ils opèrent dans le secteur des soins de santé ou dans le monde de la recherche.

Et, éventuellement, qui aient accès à du capital afin d’accélérer la croissance d’Andaman7. Avec 5 ou 10 partenaires, nous aurions ainsi, en soi, assez de portance pour générer et gérer notre croissance.”

Une corde de plus à l’arc

Pour Andaman7, le fait de figurer dans le kiosque d’Ethias est certes, en soi, une reconnaissance de même qu’un lieu supplémentaire de contact et d’activation d’utilisateurs potentiels mais il ne faut pas y voir un réel levier stratégique. D’autant plus, comme tient à le souligner Vincent Keunen, qu’il n’est en rien question de permettre à un assureur d’accéder aux données santé de patients”.

Ce n’est d’ailleurs pas l’objet ou l’objectif du kiosque d’Ethias (voir plus bas) et ce n’est surtout pas dans la philosophie et les principes-mêmes de la société Andaman7 qui procure les mécanismes d’échange et de partage des données de dossier patient mais qui n’a pas elle-même accès à ces données.

 

Vincent Keunen (Andaman7): “Le secteur des assurances ne constitue pas un domaine majeur de développement pour notre société. Nous visons surtout les DCT et le RWE, venant s’ajouter au lien vers le monde des soins, pour une triangulation patient, recherche, monde médical ou hospitalier.

 

Là où Andaman7 et Ethias se rejoignent, selon Vincent Keunen, c’est dans un discours où coexistent volonté de réduire les coûts de santé (pour les individus et pour la sécurité sociale) et promotion de l’empowerment patient.

L’arrivée d’Andaman7 sur le kiosque d’Ethias fut toutefois l’occasion pour la start-up d’ajouter un “badge” de plus à son pedigree: en plus des certifications RGPD et GMP (good manufacturing practice), HIPAA (respect des droits des patients, outre-Atlantique), FDA et EMA (certification d’études cliniques respectivement aux Etats-Unis et en Europe), ainsi que GCP (good clinical proactives), l’appli peut désormais aussi afficher une conformité Dekra.

Cette certification, octroyée par le français Dekra, organisme certificateur, actif notamment dans le domaine de la santé connectée, s’appuie sur un référentiel multi-critères (400 points de contrôle, 60 critères de certification) accrédité par le Cofrac (comité d’accréditation français) et couvre plusieurs champs d’évaluation: ergonomie, juridique (protection de données, RGPD), contenu et (cyber-)sécurité.

“La certification Dekra nous a notamment permis de réussir deux trajets d’évaluation par des fournisseurs d’outils d’e-santé appartenant au Top 5 mondial des sociétés pharma. Cela nous ouvre la voie pour de futures études cliniques ainsi que d’autres perspectives dans le domaine des PEP (patient engagement platforms)…”, déclare Vincent Keunen.

Un kiosque “pour améliorer l’accès aux soins”

Depuis septembre 2020, Ethias propose, via ses sites B2C et B2B, un “kiosque” d’applis qui, désormais, sont classées en trois catégories: Santé adulte ; Santé enfant ; Aide et bien-être. Pourquoi cette démarche?

“En proposant une sélection d’applis santé certifiées, Ethias veut améliorer l’accès aux soins en proposant des applis gratuites accessibles via le Web, favoriser la littéracie en santé en faisant la promotion d’applis de santé de qualité, et lutter contre la fracture numérique en présélectionnant les applis”, explique l’assureur.

“Cela doit contribuer à favoriser la prévention des risques et le mieux-vivre, permettre à tous une prise en main de santé en faisant les bons choix, en matière de prévention, de bien-être et de suivi de maladies chroniques. C’est par ailleurs une confirmation de l’engagement d’Ethias en matière de RSE.”

 

Ethias: “Si les éditeurs ne répondent pas aux critères d’audit en matière de sécurité et de RGPD réalisés par Dekra, l’appli ne figurera pas sur notre kiosque.”

 

A souligner qu’Ethias n’a pas accès aux données personnelles (qu’elles soient médicales ou plus “administratives”) des utilisateurs. “Nous ne faisons aucune exploitation des données de consultation du kiosque. La seule analyse à laquelle nous nous livrons est celle du nombre de visites sur le kiosque, et non des chiffres de téléchargement…”

Quelques exemples d’applis orientées santé, en plus donc d’Andaman7 ? Mes Vaccins (carnet de santé électronique) ; Mon Sherpa (chatbot proposant des activités ou informations pour des personnes en situation de “souffrance psychique”) ; GlucoZor (une appli destinée aux enfants pour mieux leur faire prendre en charge leur diabète) ; ou encore Sympto Check (pour faire un peu le tri parmi des symptômes que ressentirait une personne). 

Ou du côté plus axé bien-être: le Petit Bambou (méditation, relaxation) ; Mon Coach Sommeil.

Critères de sélection pour figurer dans l’offre du kiosque? Respect de la vie privée, qualité des informations, sécurité des données, fiabilité de la solution, ergonomie, accessibilité par les utilisateurs.

Aux critères imposés par le processus de certification Dekra (pertinence médicale, sécurité, ergonomie), l’assureur a ajouté les siens: “une appli qui soit disponible gratuitement, si possible disponible en français et en néerlandais – même si c’est encore compliqué pour le néerlandais à ce stade”, indique le porte-parole d’Ethias. [Précisons au passage qu’Andaman7 respecte bel et bien ce critère multilingue, étant même disponible en 20 langues…]

Voir l'article ici 

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